Le 29 février dernier, "$kill Game" lançait sur le forum Twoplustwo un sujet de discussion dans lequel il affirme qu'Erick Lindgren a envers lui une dette de 11.000$ , due depuis trois mois. Mais Lindgren prétendait ne pas avoir de cash pour régler cette
dette. Une fois l'affaire rendue publique, nombre de joueurs sont venus
déclarer qu'eux aussi attendaient un remboursement de la part d'Erick
Lindgren.
Phil Galfond, sans épiloguer sur cette affaire, revient dans son blog sur
le sujet des dettes dans le monde du poker, qu'il s'agisse de l'argent
prêté, du stacking ou de l'argent dû suite à un pari perdu. Il dispense
quelques conseils sur le sujet.
La génération internet et le monde du poker live
Dans un premier temps, Phil Galfond s'adresse aux jeunes joueurs de
la génération internet qui débarquent dans le monde du poker live, où le
fait d'emprunter de l'argent à l'un ou à l'autre est une chose
relativement courante.
"Soyons honnêtes avec nous-mêmes : la jeune génération de joueurs
en ligne est composée en grande partie de gens naturellement introvertis
voire complètement inadaptés socialement".
"Vous devez être prudent. Les jeunes joueurs avec beaucoup
d'argent et pas d'expérience de la scène du poker live sont les plus
faciles à repérer dans le monde du poker.
Lorsque l'on fait un pari ou que l'on prête de l'argent à
quelqu'un, le plus important est de se renseigner à son sujet. La
communauté du poker est réduite. Vous devriez connaître quelqu'un qui
connaît quelqu'un qui peut vous donner des infos.
Et si vous ne connaissez pas assez de monde pour vous renseigner, demandez vous "pourquoi ce joueur "établi" vient me voir MOI pour emprunter ?"
Les types de dettes et les types de débiteurs
Phil Galfond fait ensuite la différence entre plusieurs types de dettes : entre l'argent prêté à un ami de longue date
ou l'argent dû par une personne que l'on connait mal, suite à un pari
perdu par exemple. Il fait aussi la différence entre un montant prêté à
quelqu'un qui possède largement de quoi rembourser et un montant qui
dépasse la capacité de remboursement actuelle de l'emprunteur.
L'argent qui n'est pas disponible sur place
Phil Galfond parle d'abord de l'argent que les emprunteurs possède mais
pas forcément à l'endroit où ils sont en train de jouer. Ils peuvent
avoir beaucoup d'argent en ligne mais pas de cash dans les poches pour
jouer en live ou l'inverse.
Galfond distingue aussi ses amis, auxquels il peut faire confiance à
100% et à qui il ne serait pas juste de refuser un prêt. Au contraire
envers les personnes que l'on connaît moins, à qui on prête plus
rarement ou avec qui on a parié, Galfond préconise de préciser les conditions et les délais de remboursement dès le départ.
L'argent qui n'est pas disponible tout court
Galfond parle ensuite de prêter de l'argent à quelqu'un qui n'est pas en
mesure de le rendre rapidement parce qu'il n'en dispose pas, parce
qu'il est broke ou en bad run. Il insiste sur le risque de ne peut-être
jamais revoir cet argent.
"Je me suis trouvé dans cette situation une fois, il y a quelques
années. A cause de dépenses imprévues et d'une période de bad run, ma
bankroll n'était plus suffisante pour jouer sur les nosebleeds [tables de hautes limites] .
"Je suis allé voir un ami (un très bon ami, comme vous le verrez) qui
a proposé de me prêter 1$ million indéfiniment, sans intérêt. J'ai
insisté pour payer des intérêts au cas où j'accepterais son offre en le
remerciant de sa proposition. Au final, j'ai décliné son offre et j'ai
joué à des limites inférieures pour reconstruire ma bankroll, mais je me
suis toujours rappelé combien mon ami s'est montré généreux quand j'ai
été dans une situation délicate.
Les modalités de remboursement
"Le point le plus important que je veux souligner […] est que vous
devez savoir dans quoi vous vous embarquez. Je pense qu'il est du
devoir de l'emprunteur de préciser quand et comment il a l'intention de
rembourser et de dire s'il emprunte de l'argent qu'il n'a pas ICI ou de
l'argent qu'il n'a pas du tout.
Le fait de savoir dans quel délai le remboursement doit intervenir
peut être laissé à l'appréciation de chacun, mais il clairement
malhonnête de faire croire à quelqu'un que vous avez beaucoup d'argent à
disposition pour rembourser quand ce n'est pas le cas".
Faut-il étaler l'affaire publiquement ?
"Je pense que cela dépend. Si quelqu'un fait quelque-chose que
vous considérez comme vraiment immoral, je pense que cette personne
renonce à son droit à la vie privée. […] Si cette personne emprunte de
l'argent ici et là à des victimes sans méfiance en leur faisant croire
qu'elle peut les rembourser au décuple, je pense que je peux dire
quelque-chose".
"Cela ne s'applique pas seulement aux prêts. Si quelqu'un triche ou monte une escroquerie, les gens doivent savoir".
Par exemple, "Chris Ferguson, que certains blâment pour son rôle
(quel qu'il puisse être) dans le scandale de FTP. J'ai passé un peu de
temps avec Chris en dehors des tables, il toujours été très gentil,
généreux, un mec génial. J'espère qu'il n'a rien fait de mal (à part
peut-être ne pas en savoir autant qu'il aurait pu), mais je ne peux
évidemment pas connaître son caractère profond à partir de quelques
rapports en surface.
J'ai été tenté de prendre la parole pour défendre publiquement
certaines personnes, mais je me suis abstenu, j'ai réalisé que je ne
connaissais pas suffisamment ces personnes pour faire des déclarations
qui ne sont rien d'autres que des demi-opinions. J'en dirai peut-être
plus à ce sujet une autre fois.
La vérité est que j'ai été choqué trop de fois en découvrant que
quelqu'un que je croyais digne de confiance ne l'était pas. J'ai appris à
ne jamais être certain à moins d'être véritablement certain".
Lire plus: http://fr.pokernews.com/news/2012/03/phil-galfond-conseils-preter-emprunter-stacking-dette-poker-11023.htm